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« Les collectivités ont besoin de compétences en matière de santé publique »

Article de la Gazette des Communes, publié le 10/05/2022, Géraldine Langlois.

 

« Les collectivités ont besoin de compétences en matière de santé publique »

« La santé est un état de complet bien-être et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité » nous rappelle l'OMS. Être en forme, se sentir bien, n'est pas le simple résultat d'une chance d'être passé entre les mailles des filets de la maladie, c'est au contraire un ensemble de bonnes pratiques qui permet d'échapper au mieux à toute altération de la Santé. Ainsi, les politiques de Santé prennent de mieux en mieux compte de cette conception globale. Manger sain et équilibré, éviter les comportements à risques (tabagisme, addictions), avoir une pratique sportive régulière, la Santé physique et mentale, ça se travaille !

Pour cela, les collectivités doivent développer des outils appropriés afin de bien connaître leur population et permettre le développement de ces pratiques pour tous en luttant contre les inégalités.

Retrouvez l'article ci-dessous ⬇

« Les collectivités ont besoin de compétences en matière de santé publique »

Pour Nicolas Leblanc, coauteur d'un livre sur le sujet, les décideurs des collectivités doivent prendre conscience de leur rôle dans la réduction des inégalités de santé. Afin que ce qu'il nomme le « syndrome de la vie de merde » frappant les personnes qui cumulent les difficultés sociales néfastes pour leur santé ne soit plus une fatalité.

Quel est le message sur les inégalités sociales de santé que vous voudriez que les collectivités retiennent de votre livre ?

 

Notre livre « Santé. Les inégalités tuent », écrit avec Alfred Spira, vient d’un constat simple : les inégalités sociales de santé sont connues des chercheurs, des décideurs spécialistes de la santé, mais très peu des autres décideurs, des collectivités territoriales, des employeurs, des dirigeants…

Il faut comprendre le gradient social : il y a une différence d’espérance de vie à la naissance de treize ans pour les hommes entre les plus pauvres et les plus riches. Les difficultés sociales qui impactent la santé se cumulent tout au long de la vie. C’est le « syndrome de la vie de merde » défini par des épidémiologistes américains.

Nous avons voulu expliquer ce que sont ces inégalités et tracer des perspectives pour que les décideurs s’en emparent. Le premier constat majeur c’est que les éléments qui déterminent la santé ne sont pas liés au soin, ils dépassent largement le soin. Et le second c’est que, pour éviter la survenue de certaines maladies, une somme d’actions peut être menée en dehors et en amont du soin qui sont possiblement aux mains des collectivités territoriales, au premier rang desquelles les départements et les communes.

Ces collectivités s’emparent-elles suffisamment de ces questions, selon vous ?

 

À mon avis, non. Il est possible de faire mieux et plus. D’abord parce que, on l’a vu à la faveur de la crise du Covid, les citoyens et les professionnels de santé de terrain se sont retournés vers les collectivités territoriales dans l’urgence, pour se procurer des masques, organiser le dépistage, la vaccination, cibler les personnes prioritaires…

On a constaté que les collectivités territoriales sont les « Monsieur Jourdain » de la santé. Elles se sont impliquées sur la santé, au-delà des prérogatives que leur confère le droit, mais de manière hétérogène. Des villes sont ainsi traditionnellement impliquées, ont des direction « santé » avec des professionnels de santé, des maisons de prévention, des MSP

Elles sont capables d’armer des politiques de santé locales dans la durée qui ne se limitent pas au soin et de les articuler entre elles, par exemple sur l’éducation, la nutrition, l’activité physique et sportive, la prévention des comportements nocifs pour la santé, le logement, les mobilités douces et l’action sociale… Relier ces politiques peut créer des situations favorables à la santé. Surtout, il faut le faire à destination des populations qui en ont le plus besoin. Le mot clé, c’est l’universalisme proportionné. Cela nécessite de bien connaître la population.

Que manque-t-il aux collectivités pour mieux travailler à la réduction de ces inégalités ?

 

Si, demain, les collectivités territoriales veulent être davantage impliquées dans la santé, développer des politiques publiques et des moyens, il faut leur en donner les moyens au-delà du cadre contractuel et du ponctuel, car la santé, c’est structurel. Il leur faut des prérogatives juridiques qui fixent pour elles des missions élargies en la matière, en relation avec des politiques de l’Etat pour éviter l’écueil de l’hétérogénéité et travailler dans le cadre de l’égalité républicaine.

Les collectivités ont aussi besoin de compétences en matière de santé publique. Cela passe par une mise en débat du sujet des inégalités sociales de santé afin qu’elles soient observées et connues et que des solutions adéquates soient discutées. Parmi les leviers dont elles disposent aujourd’hui, il y a le logement, les politiques associatives en matière de sport et de culture, le CCAS.

Elles peuvent s’impliquer dans les instances médicosociales ou éducatives de leur territoire et utiliser les temps extrascolaires de la cantine ou de l’accueil périscolaire pour faire de l’éducation à la santé. Elles peuvent aussi travailler sur les questions environnementales dans la ville.

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